Au
TTGC (Tennis de table de la Grand-Croix), on n'en revient toujours pas.
Mariano Loukov, ancien international bulgare! qui a notamment participé
aux Jeux olympiques de Séoul en 1988, vient de prendre sa licence au
club et il entraîne les joueurs.
Agé
de quarante-quatre ans, il espère faire sa vie en France.
« C'EST LUI, LÀ-BAS
» : à
l'heure de l'entraînement, un jeune pongiste montre discrètement à sa mère
celui qui crée l'événement. Le TTGC, (Tennis de table de la Grand-Croix)
compte depuis trois semaines dans ses rangs un très grand du tennis de table.
Mariano Loukov, ancien international bulgare au palmarès prestigieux, a revêtu
le maillot du club. Il joue et entraîne les différentes équipes. Pour
l'instant, cependant, son avenir est incertain car s'il rêve de faire sa vie en
France, obtenir un visa et un travail (le TTGC ne peut pas l'employer) ne va pas
être évident. Cette étonnante histoire a commencé début octobre lorsque le
vice-président du TTGC, Bernard Laurent, qui gère le site Internet du club, reçoit
un émail de Loukov. Le champion, qui fournit un curriculum vitae ahurissant,
comprenant les différents titres qu'il a obtenus, explique qu'étant donné les
conditions économiques en Bulgarie, il veut. à l'âge de quarante-quatre ans,
tenter sa chance en Europe de l'ouest et qu'il aimerait trouver un travail dans
un club de tennis de table. Le TTGC, Loukov l'a découvert en surfant sur
Internet. Il a également contacté d'autres clubs mais seul le TTGC lui a répondu
immédiatement.
Immédiatement intéressé
« Je lui ai expliqué notre situation, explique Bernard Laurent. Je lui ai dit qui nous étions, que nous essayerions de lui trouver un travail mais que nous n'avions pas les moyens de l'employer nous mêmes. Il nous a alors annoncé qu'il se rendait en France, chez un cousin à Paris, et qu'il viendrait nous voir. Quatre jours après son premier émail, il était là. Nous sommes allés le chercher à la gare à Lyon. Discussion en anglais, car il ne parle pas le français. Nous pensions que ce n'était qu'un premier contact mais il a eu l'air vraiment intéressé. Il a voulu voir le club. C'est pourquoi nous l'avons logé à l'hôtel deux jours. Nous, nous ne savions pas quand il allait partir. Puis il nous a dit que rester ici l'intéressait. Je l'ai alors hébergé chez moi. Il y habite depuis trois semaines ». Depuis, Mariano Loukov participe activement et bénévolement à la vie du club. Il joue dans l'équipe de Régionale 3, la meilleure du club, et entraîne tous les joueurs. Profitant de cette aubaine, le club a créé un entraînement supplémentaire le lundi. Mariano Loukov participe aussi à l'initiation au tennis de table d'une soixantaine d'enfants des écoles primaires de la commune dans le cadre du contrat d'aménagement du temps de l'enfant (CAT).
« Quelque chose de formidable »
Évidemment, le club a de fortes chances, si Loukov à la possibilité de rester en France, de se développer. « II est là pour essayer de faire progresser le club dans les années à venir », explique Bernard Laurent. Mais pourquoi un joueur et entraîneur de si haut niveau choisit-il un petit club ? « II pense que dans les petites villes, on trouve plus de joueurs sérieux et motivés, explique Bernard Laurent. Ensuite, son but est de recommencer une aventure avec un petit club avec lequel il réussirait quelque chose. Enfin, il a voulu se fixer après avoir parcouru le monde ». Le président, Jo Figuet, affirme : « La présence de Loukov donne au club un regain d'ambition en terme de quantité et de qualité, avec une augmentation des plages d'entraînement et une amélioration de la qualité des entraînements. L'objectif est de monter en prénationale d'ici une ou deux saisons. La présence d'un joueur de haut niveau amène également plus de sérieux, de sérénité et de solidarité entre les équipes. Je pense que ça va aussi faire de la publicité pour le tennis de table. C'est vraiment un truc extraordinaire ce qui nous arrive ».
Mariano Loukov a un palmarès
époustouflant: il a été notamment vingt fois champion de Bulgarie, champion
des Balkans, et parmi les premiers des classements européens et mondiaux.
Il a participé aux Jeux
olympiques de Séoul en 1988. Il a été dès 1990 entraîneur en Autriche et
aux Émirats arabes unis.
Jo FIGUET, président du TTGC, le fait remarquer : « Mariano, en plus d'être sérieux et compétent n'est pas du tout « m'as-tu vu ». C'est épatant ». Épatant en effet car le pongiste, au vu de son palmarès, pourrait l'être. Son curriculum vitae sportif, vérifié par le vice-président du TTGC, Bernard Laurent, est plutôt fourni. Né en 1958 en Bulgarie, Mariano Loukov s'est mis très jeune au tennis de table. En 1969, il obtient son premier titre de champion de Bulgarie. Jusqu'en 1985, il sera champion de son pays plus d'une vingtaine de fois, en individuel, en double ou par équipes. En 1975, il est sixième joueur européen. En 1985 et 1986, il est joueur professionnel aux Pays-Bas. En 1986 et 1987, il évolue dans la même équipe que Waldner en Allemagne
et ils atteignent la finale de la coupe européenne des champions. En 1986, c'est le neuvième joueur mondial. L'année suivante, il devient champion des Balkans et apparaît en troisième position au classement de la super ligue européenne, après des victoires face à des joueurs comme Waldner, Persson, ou le Français Jean-Philippe Gatien. En 1988, il participe aux Jeux olympiques de Séoul.
Entraîneur dés
1990
Mariano Loukov a décidé de quitter son pays,mais
obtenir le visa permettant de travailler n'est pas chose facile..
POURQUOI quitter la Bulgarie ?Mariano Loukov l'a
expliqué au TTGC dans son premier Email : « Les conditions économiques en
Bulgarie sont mauvaises pour le développement du tennis de table et les
professionnels du tennis de table n'ont ici pas d'opportunités de travail.
C'est pourquoi je cherche un emploi de longue durée hors de mon pays ».Si le
TTGC a averti Loukov tout de suite qu'il n'avait pas les moyens de l'employer,
il lui a promis de tout faire pour l'aider à trouver un travail en France. Mais
ce n'est pas chose facile. Comme l'explique Bernard Laurent,« Pour pouvoir
travailler, il faut un visa. Et pour avoir un visa, il faut travailler. C'est un
cercle vicieux ».
Actuellement, les dirigeants du TTGC, qui se sentent
une responsabilité morale vis à vis de
Loukov, remuent ciel et terre pour que le champion
bulgare, qui ne possède qu'un visa touristique de trois mois, obtiennent un
visa de travail.
« II faut trouver un employeur prêt à embaucher
Mariano pour un an minimum et qui fasse une démarche auprès de l'office
d'immigration.Démarche que nous lui aiderions à faire. L'office d'immigration,
avant d'attribuer le poste à Mariano, se renseignera ensuite auprès de l'ANPE
locale pour vérifier que personne ne puisse faire ce travail à la place de
Loukov- /es Français étant prioritaires ».Ce n'est pas gagné, et le rêve du
TTGC repose sur ces formalités.